Elle lui avait arraché sa canne, elle lui en battait les cuisses. Cramponnée aux épaules, le serrant à l'étouffer entre ses jambes nerveuses d'écuyère, elle le poussait follement dans l'ombre noire des verdures. Longtemps, elle le cravacha, activa sa course. Le galop précipité de Colombel s'étouffait sur l'herbe. Il n'avait pas prononcé une parole, il soufflait fortement, se roidissait sur ses jambes de petit homme, avec cette grande fille dont le poids tiède lui écrasait le cou.
Mais, quand elle lui cria : “ Assez ! ” il ne s'arrêta pas. Il galopa plus vite, comme emporté par son élan.
Les mains nouées en arrière, il la tenait aux jarrets, si fortement, qu'elle ne pouvait sauter. C'était le cheval maintenant qui s'enrageait et qui enlevait la maîtresse. Tout d'un coup, malgré les cinglements de canne et les égratignures, il fila vers un hangar, dans lequel le jardinier serrait ses outils. Là, il la jeta par terre, et il la viola sur de la paille. Enfin, son tour était venu d'être le maître.
Thérèse pâlit davantage, eut les lèvres plus rouges et les yeux plus noirs. Elle continua sa vie de dévotion. À quelques jours de distance, la scène recommença : elle sauta sur le dos de Colombel, voulut le dompter, et finit encore par être jetée dans la paille du hangar. Devant le monde, elle restait douce pour lui, gardait une condescendance de grande sœur. Lui, était aussi d'une tranquillité souriante. ils demeuraient, comme à six ans, des bêtes mauvaises, lâchées et s'amusant en secret à se mordre. Aujourd'hui, seulement, le mâle avait la victoire, aux heures troubles du désir.
Leurs amours furent terribles. Thérèse reçut Colombel dans sa chambre. Elle lui avait remis une clé de la petite porte du jardin, qui ouvrait sur la ruelle des remparts. La nuit, il était obligé de traverser une première pièce, dans laquelle couchait justement sa mère. Mais les amants montraient une audace si tranquille, que jamais on ne les surprit. Ils osèrent se donner des rendez-vous en plein jour.
Colombel venait avant le dîner, attendu par Thérèse, qui fermait la fenêtre, afin d'échapper aux regards des voisins. À toute heure, ils avaient le besoin de se voir, non pour se dire les tendresses des amants de vingt ans, mais pour reprendre le combat de leur orgueil.
Souvent, une querelle les secouait, s'injuriant l'un l'autre à voix basse, d'autant plus tremblants de colère, qu'ils ne pouvaient céder à l'envie de crier et de se battre.
Justement, un soir, avant le dîner, Colombel était venu. Puis, comme il marchait par la chambre, nu-pieds encore et en manches de chemise, il avait eu l'idée de saisir Thérèse, de la soulever ainsi que font les hercules de foire, au début d'une lutte. Thérèse voulut se dégager, en disant :
“ Laisse, tu sais que je suis plus forte que toi. Je te ferais du mal. ” Colombel eut un petit rire.
“ Eh bien ! fais-moi du mal ”, murmura-t-il.
POUR UNE NUIT D'AMOUR, Émile ZOLA
Chapitre III
Marie est né avec un handicap. Elle a passé les 26 premières années de sa vie assise dans un fauteuil. Un jour je ne sais comment, elle a trouvé la force et elle s'est levé. Elle a échangé son fauteuil contre des béquilles.
Chargé de 26 ans d'immobilité, elle a eut envie de voir le monde. Elle a commencé à voyager. Elle est partie jusqu'à Ushuaia, puis jusqu'en antarctique.
Modèle : Marie
Technique utilisé : Photographie sous canons UV (395 nm) . Photos brutes non retouchées.
Canon 5DSr / Lightroom
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